Cela fait quelques années – cinq exactement – depuis ma dernière rencontre avec le personnage principal, Robert Langdon, des romans de Dan Brown. À chaque fois, par son ingéniosité, Langdon a pu résoudre les mystères qui se dressaient sur son chemin à travers les trois premiers volets de la saga de Dan Brown : Anges et Démons (2000), Da Vinci Code (2003), Symbole Perdu (2009).
On se souvient de l’engouement médiatique qui a suivi la sortie du « Da Vinci Code » en France. Dans la foulée, le livre a été adapté au cinéma avec notamment le sympathique Tom Hanks et la sexy Audrey Tautou dans les rôles principaux. Depuis, Dan Brown est devenu un auteur familier dans la littérature française. Et son succès s’est confirmé avec la sortie du Symbole Perdu en 2009.
Pour clore cette tétralogie, Dan Brown remet en selle Langdon Brown dans un nouvel opus nommé « Inferno ». Pour être tout à fait honnête, je suis toujours excité à la perspective de lire un roman de Dan Brown, et savoir que c’est le dernier de la série, donne un gout particulier au livre. Ayant lu les précédents opus, j’imaginais déjà ce qu’il pouvait faire dans celui-là. Au fil des opus, il a perfectionné l’art du suspense. Aussi, après avoir terminé un chapitre, le lecteur n’a qu’une envie : se plonger dans le chapitre suivant afin d’en découvrir plus sur les méchants, le tout sur toile de fond historique. Les 600 pages du roman se lisent donc d’une traite sans que le lecteur s’ennuie une seule seconde. Ceci est une forme d’art dont Dan Brown et quelques autres ont le secret.
Ce qui m’amène à évoquer comment le lecteur sait qu’il a atterri dans un roman de Dan Brown : un personnage est sur le point de rendre l’âme – un personnage ratatiné qui est le seul à détenir un secret crucial. Plutôt que d’indiquer clairement l’emplacement de l’objet précieux sur les serviettes froissées qu’il a à disposition, il les utilise pour concocter une chasse au trésor créative et ésotérique dans une ville étrangère.
Cette ville dans « Inferno » est Florence. Langdon s’y réveille à l’hôpital avec une blessure à la tête qui l’empêche de se souvenir des raisons de sa présence en Italie. Heureusement, Sienna – une femme au QI prodigieux – est prête à le transporter sur son cyclomoteur afin de l’aider à comprendre sa situation : remonter jusqu’aux événements d’avant son amnésie et apprendre comment la « Divine Comédie » de Dante pourrait les aider à déjouer les complots posthumes d’un génie du mal. Ce périple commence avec la découverte, dans les poches de Langdon, d’un petit projecteur qui affiche une interprétation picturale de la vision de l’Enfer par Dante.
Pendant ce temps, ils sont poursuivis par 3 personnages : une énigmatique meurtrière, un énigmatique chercheur dans l’Organisation mondiale de la Santé et un énigmatique homme d’affaires qui dirige une organisation appelée le Consortium – une espèce de service secret qui s’occupe de régler les frasques des gens riches (non, non, il ne s’agit pas d’Olivia Pope).
Dan Brown soutient dans sa préface que tous les faits relatés dans son roman sont réels… Mais cela dépasse l’entendement. D’abord, l’artéfact utilisé dans son roman est considéré comme reproduction après une recherche rapide sur internet - sur Wikipédia pour ne pas le citer. Et, le Consortium qu’il dit réel (pourquoi pas après tout ?), mais alors : pourquoi une telle organisation aurait son siège sur un yacht géant amarré en pleine mer Adriatique !?
Peu importe. Ce qui est amusant dans les ouvrages de Dan Brown, c’est de jouer le jeu et de considérer toutes ses allégations comme étant réelles. Brown excelle quand il s’agit de duper le lecteur et lui faire croire que les livres poussiéreux et les passages secrets moisis recèlent une ancienne conspiration mondiale. « Inferno » est truffé de références de ce genre.
Ironiquement, l’un des mystères les plus convaincants dans « Inferno » ne concerne pas l’histoire de l’art, mais le futur de la science – avec des questions de fond sur l’explosion démographique et la responsabilité de l’humanité envers la Terre mère. Cela aurait été intéressant de développer un peu plus ces points, mais ce genre de roman pourrait voir le jour dans un stérile congrès sur la santé publique, plutôt que dans les rues pavées italiennes. Et Robert Langdon n’en serait surement pas l’acteur principal.
Parlons justement de Robert Langdon. Il est prétentieux, intarissable sur ses costumes sur mesures, mais il entretient des relations respectueuses, principalement platoniques avec les femmes brillantes et intimidantes qu’il rencontre. Bon, les cinéphiles se souviendront d’une tout autre relation entre Tom Hanks et Audrey Tautou… Mais de nos jours, un film où l’acteur principal « n’emballe » pas une femme n’est pas très excitant au gout du public… Bref.
Lire « Inferno », c’est apprendre un tas de choses intéressantes sur la « Divine Comédie ». C’est aussi voir un homme intelligent faire des déductions perspicaces sur la symbolique de la Renaissance. Mais remarquez qu’en homme moderne et intelligent, quand il s’agit de s’enfuir pour sauver sa vie, il laisse le volant à une femme. James Bond devrait en prendre de la graine !