La veille de son incarcération, après avoir plaidé coupable pour contrebande d’argent provenant de la vente de drogue, Piper Chapman, l’héroïne de la série populaire de Netflix « Orange Is the New Black », s’inquiète plus de l’entretien de ses cheveux blonds et de ses sourcils que de sa situation. Elle se dit qu’au moins elle pourra utiliser son incarcération pour prendre soin d’elle, lire tous les livres qui lui font envie, et peut-être même apprendre un métier manuel. Elle demande à son fiancé de maintenir son site internet, et quand elle pénètre dans le pénitencier, elle tient un sandwich à la burrata (fromage italien qui ressemble à de la mozzarella).
Bien sûr, l’histoire de Piper Kerman, dont les mémoires ont inspiré la série du même nom, était différente. Le sandwich qu’elle a apporté en prison était fait de foie gras.
« Orange Is The New Black » est la vision de la prison d’une jeune cadre dynamique, a déclaré Jenji Kohan, celle qui a adapté le livre de Kerman à la télévision. Née à Boston, dans une famille de médecins, d’avocats et d’enseignants, Piper Kerman était une diplômée de la Smith College à la dérive, qui n’avait même pas un passeport quand elle est tombée amoureuse d’une femme charismatique, un peu plus âgée qu’elle, qui lui promettait de l’excitation, dont le transport de l’argent de la drogue à l’étranger.
« C’était le grand départ de tout ce que l’on attendait de moi », a déclaré Kerman. « Mon chemin a croisé celui de cette personne, elle m’a fait une offre et je l’ai accepté, contre tout sens de l’instinct de conservation ».
Ce n’est que 5 ans plus tard, lorsque son flirt de courte durée avec le danger était terminé, que les agents des douanes américaines sont venus frappés à la porte de sa maison de Greenwich Village avec un mandat ; six autres années passèrent pendant lesquelles le gouvernement essayait, en vain, de faire tomber le baron de la drogue extradé de Grande-Bretagne, et Piper Kerman a été condamnée à quinze mois d'incarcération dans une prison pour femmes à Danbury dans le Connecticut.
Les scènes érotiques dans la série laissent peu de place à l’imagination et si vous avez vu « Weeds », la précédente série de Jenji Kohan, alors vous savez que les scènes explicites ne lui font pas peur, surtout lorsqu'il s’agit de sexualité. Mais ce qui est vraiment provocateur, c’est le ton de la série, le mélange de thèmes graves décrits avec un humour aiguisé, sur un sujet qui est quand même très sombre.
Le parallèle s’arrête là. Comme beaucoup de séries estampillées « inspiré d’une histoire vraie », les réalisateurs prennent généralement leur aise et adoucissent ou durcissent le caractère de l’histoire. Dans ce cas précis, Piper Chapman, le personnage principal de la série joué par Taylor Schilling, est plutôt angélique et fleur bleue comparée à la vraie Kerman qui « à part le sexe, ne pouvait penser à autre chose ».
Mais « Orange Is The New Black » dépeint aussi des personnages qui ne sont presque jamais représentés, tout du moins pas avec beaucoup d’empathie, à Hollywood. La population carcérale n’est pas uniquement composée d’incorrigibles fripons ; chacun à une histoire et un passé parfois douloureux, et beaucoup d’entre eux a dû faire des choix décisifs beaucoup trop jeunes, beaucoup trop tôt, à un âge où on est impulsif et où on ne se rend pas réellement compte des conséquences de ses actes.
La trame dramatique de la série tourne autour de l’histoire du personnage principal et de son ex, qui est incarcérée dans la même prison pour trafic de drogue. Dans la vraie vie, Kerman la considère comme une ennemie et l’a vu pour la dernière fois le jour où toutes les deux comparaissaient devant le tribunal. Après cela, elle n’a plus jamais entendu parler d’elle.
« Orange Is The New Black» traite aussi des conditions de vie des détenus : les rats dans les dortoirs, la moisissure dans les douches, la nourriture infecte. L’auteure raconte ces conditions avec sincérité même si elle est bien consciente que peu de gens se soucient de la qualité de vie dans les prisons. Chose que l’on peut aisément comprendre, la drogue détruit des vies et provoque des milliers de décès chaque année. Payer à la société sa dette pour avoir trempé dans ces genres d’histoire est plus que normal. (Ceci dit, ce qui me gêne, à titre personnel, c’est que les petits délinquants paient leurs dettes à la société pendant que les gros délinquants à col blanc s’en sortent avec une tape dans le dos…) Mais est-ce que cela doit se passer dans des conditions parfois abominables ? Les détenus ne restent-ils pas des êtres humains malgré tout ?
Si vous avez aimé la série, vous aimerez surement le livre. Il s’agit de l’histoire d’une franche camaraderie entre codétenues. Le partage de moments de joie, mais aussi de détresse. Une immersion totale dans l’univers carcéral et la délinquance féminine avec parfois des témoignages bouleversants sur comment une vie peut basculer du jour au lendemain à cause de mauvais choix.
P.-S. Pour ceux et celles qui se posent la question, « Orange Is The New Black » est une expression américaine qui signifie que la couleur orange est la couleur tendance du moment. « Être le nouveau noir » veut dire être la dernière tendance à la mode.